Récit Oman - Novembre

OMAN EN EMPORTE LE VENT

Ou

LA SEMAINE DU CHAT NOIR

Mais on n’a qu’une envie : y retourner

OMAN, détroit d’Ormuz, Ignobilis… des mots qui s’empilent dans notre imaginaire.

Cette année avec Pierre et Chris, on avait décidé d’essayer une nouvelle destination.

Après une longue hésitation avec la baie du Courrier, on jette finalement notre dévolu sur KHASAB.

Pour faire simple, la pêche à KHASAB : c’est Les 7 frères qu’on avait adoré en taille de poisson, la clim en plus dans une vraie maison pour dormir la nuit ….

On avait tout bien regardé :

Novembre, c’est le moment idéal pour les Carangues, les Thons arrivent, la température autour de 30 °, on avait de petits coëfs, pile poil….

KHASAB, c’est un village de pêche tout au bout de la péninsule arabique, avec l’Iran juste en face.

Le détroit d’Ormuz est le passage obligé entre le golfe d’Oman et le golfe persique, pour tous les pélagiques, et les iles qui forment la pointe regorgent - en principe - de tous les prédateurs venus se goinfrer…

Ce sont des falaises taillées à la hache avec des couleurs époustouflantes, des fjords profonds, des rochers en pleine mer, le biotope idéal pour prendre THE poisson trophée.

En plus le voyage est simple, ce qui est loin d’être négligeable.

Départ le vendredi soir 21H30 de LYON par Emirates, arrivée DUBAÏ 6H30 heures locales (3H30 pour nous car 3H de décalage)

Plutôt que d’arriver à KHASAB en avion en passant par Mascate avec des temps d’attentes interminables, on avait choisi de faire le trajet en 4X4 histoire de se plonger dans l’ambiance locale .

250 KM de belles routes, de très beaux paysages.

11H 30, nous arrivions chez Jérôme.

Une maison dans la ville, un peu à l’écart, au pied de la montagne, à 10 MN du port

La maison est divisée en 3 : Une partie cuisine, une partie où habite Jérôme et une partie où les pêcheurs sont chez eux, 2 chambres avec SDB et un séjour avec canapé, télé. Réception parfaite du téléphone, wifi, Climatisation (on n’en a malheureusement pas eu besoin !!!!! )

Question cuisine, on sort les toques ! la cuisinière est Philippine et le soir, vraiment on se régalait.

Question propreté idem. On peut donner notre linge à laver - ce qui est très utile lorsque nos 30 Kg de bagages autorisés sont formés de 28 KG de matériel de pêche ….

Prise de contact avec Jérôme autour de dattes et de jus de fruits (notre foie nous a remercié de 7 jours d’abstinence… Pas d’alcool en vue.. Jérôme s’était fait vider ses réserves, nous, on n’avait pas prévu et pour trouver de l’alcool à Khasab , c’est genre macache …)

Jérôme est un ancien militaire compagnie de combat de 40 ans. Beaucoup de vécu, d’histoires à raconter.

Donc normal : premier débrif avec la carte au mur, le scion de canne pour montrer les choses à faire, à pas faire – là on pêche , là on pêche pas... la on ira ..là on y va pas...

Le plus important : la pêche ?

  1. Jérôme nous explique qu’ils sont face à un problème d’algues vertes depuis quelque temps, ce qui fait que la pêche est compliquée ( là, quand on commence à vous dire que c’est compliqué, ça veut dire en traduction fisherman : les potes, vous allez ramer lourd …0 ) que nos collègues de la semaine précédente avaient fait quelques poissons, c’étaient fait déboiter par un monstre, mais que cela avait été difficile …

mais qu’on a de la chance , car comme des gros orages sont annoncés , cela devrait tout chasser ….

Aie aie des orages !

A Oman, la moyenne des pluies c’est 6 jours par an !

Sur une semaine, on aura droit à la moitié des pluies de l’année, plus une tempête où les bateaux auront interdiction de sortir du port !!!

Mais quand on arrive, de toute façon, on a toujours l’espoir. Les autres ce sont les autres …..

On passera le samedi après-midi à préparer les cannes, les leurres, et à refaire le monde en s’imaginant attelé aux grosses Carangues qui hantent les lieux.

Dimanche matin

il fait encore nuit quand on arrive au port. Entre le décalage horaire et l’envie d’en découdre on s’était levé avant que le réveil ne nous tire des bras de Morphée …

Les gros orages sont annoncés pour fin de matinée avec des vents à 30 nœuds et mer forte.

Dans les orages, l’embêtant ce n’est pas la pluie, ce sont les éclairs car avec les cannes en carbone et 700 litres d’essence dans le réservoir, on risque le méchoui trop cuit….

Les spots de pêches sont entre 30 mn et 1 heure de navigation pour les plus lointains.

On remonte en direction de la pointe du détroit, plein nord.

Barque omanaise de 11 M et 2 moteurs de 200 CV, de quoi envoyer du lourd.

On longe une côte déchiquetée où chaque mètre peu être un repère à monstres

Premier spot retenu par Jérôme :

Une sorte d’ilot près de la côte, qui crée un courant où, en principe, les Carangues font leur marché. On s’arrête à 500 m pour préparer nos cannes : 80 LBS, fluo de 175 LBS, faut pas rigoler avec le poisson trophée qu’on est venu chercher.

On décide de faire du bruit en surface.

Fraser rouge et blanc pour Pierre. Dumbel pour Chris et Rosta bleu et gris pour moi

Jérôme approche le bateau.

Premier lancer.

3 tours de manivelle pour le Pierrot

Explosion en surface d’une belle Ignobilis en chasse

Comme d’hab, frein mal réglé, surprise

Tps de combat record: 1 seconde

Tournée d’adrénaline pour tous, quelques vannes pour le malchanceux et là on se dit : les potes   c’est notre semaine !....

Et oui, on se dit …

Toute la matinée on a lancé, relancé, changé 10 fois de leurres, pêcher des spots plus beaux les uns que les autres

En surface, en dessous, au fond, plus rien, au sondeur, rien, la mer désespérément vide

Et les nuages qui s’amoncelaient, les éclairs qui zébraient l’horizon, la mer qui enflait.

On a donc pris le chemin du retour.

Dans ces moments-là, on trouve toujours à positiver. On est de grands optimistes. : «Il faut commencer doucement pour s’échauffer.. rien n’est pire que se tétaniser bêtement les muscles le premier jour pour se gâcher la semaine ETC …»

On en a profité pour visiter les fjords car là, la mer était calme,

magique

On en a profité pour piquer une tête dans une eau saturée en sel qui nous brûlait la peau

Etonnant

On rentrait au port en même temps que l’orage.

Jusqu’à tard dans la nuit cela a tapé fort

Lundi

Jérôme décide de nous emmener à une heure, pêcher les 3 derniers ilots avant l’Iran ….

On arrive au port, le jour se lève à peine

Sur le chemin, un petit rocher qui émerge

Je monte un splasher bleu, sur mon 10 

Le courant est fort

Premier passage, rien

Jérôme nous replace :

Lancer à 5 mètres du rocher

Quelques tours de manivelle

Explosion

Ferrage multiple histoire d’assurer.  non mais !!

Jolie et première Ignobilis de 15 kg au bateau

Photo

Relâché

La confiance est là ….

On passera notre journée à peigner et repeigner des spots à couper le souffle avec pour seul résultat Pierre qui prendra un barra d’environ 7 KG sur sa rugissante en 50 lbs armé d’un big foot

Sur le retour, on s’arrêtera sur des chasses de sorte de petites bonites.

On en prendra quelques- unes sur des tous petits leurres que Jérôme avait.

On touchera également sous les chasses quelques Carangues gros yeux entre 3 et 5 kg

On fera cela tous les soirs, histoire d’avoir les mains qui sentent le poisson et pour se rappeler comment c’est une touche ….

Mardi

Presque au bout du Détroit , il y a un lieu exceptionnel qui s’appelle la passe du lion

L’érosion a façonné la tête de SIMBA

Par cette passe, on accède à d’autres iles sur le golf d’Oman

Comme la mer est clémente, on décide d’y aller.

Comme à notre habitude, on peigne, on ratisse, avec toujours au moins un en stick plongeant …..rien ….nada

On arrive sur la pointe d’un ilot qui s’ouvre sur une sorte de crique très calme où l’on devine le fond.

Je monte un TB LURE rouge et blanc de 20 cm sur ma carpenter MH 83   et mon 18  - quand on veut pêcher un trophée, il faut se donner les moyens de le ramener ….

Le bateau dérive tranquillement à 100 M du bord

Je lance le TB côté rocher

5 tours de manivelle canne basse

Toc insignifiant (genre petite truite dans le ruisseau derrière chez moi )

Ferrage instinctif

La carpenter plie un peu

Quelques coups de tête

Je ramène rapidement ce que je pense être un petit poisson qui file vers le large et donc vient vers moi, mais avec le 18  comme c’est plus d’un mètre au tour de manivelle…

Quand il double le bateau sur l’avant, c’est par contre autre chose

La canne plie

Le frein très serré lui laisse prendre juste quelques cm.

Après quelques minutes de combat je ramène un King Fish de 22 KG pour 1.50 M !

Cela redonne la patate dans le bateau …

Dans la matinée, Chris se fera attaquer par un « on sait pas trop quoi de gros » au bateau sur un rosta blanc

Personne ne regardait et lui non plus car il contemplait les falaises.

On a juste entendu un énorme SPL ASH et vu un gros remous.

Sa Black popping s’est pliée, le frein du saltiga 6 GT s’est mis à chanter. D’instinct il a plongé la canne dans l’eau comme le poisson passait sous le bateau

Combat de 10 secondes en déséquilibre total à cheval sur le bord du bateau pour finir par un décroché

La loose …. Quand ça veut pas …

Un ange est passé sans les écailles …

La journée finira comme les autres … quelques rares petits coups insignifiants et uniques sur les sticks sans rien pouvoir faire d’autre que crier : « touché ! ». Aucune attaque sur les poppers et pourtant on en avait .. des petits, des gros, de toutes les couleurs ….depuis le temps qu’on pêche et qu’on en achète, on va bientôt pouvoir concurrencer DPSG et Exotic Anglers… ( Marcello et Bruno  si tu me lis ! ..)

Le mercredi passera avec un capot bateau mémorable sauf les quelques petites bonites dans les chasses le soir

Le jeudi

L’enfer car une tempête s’était formée le mercredi vers le Qatar et elle descendait vers nous

Interdiction de sortir du port. On est donc rester à la maison ….

Le vendredi sera semblable aux autres jours, à part pour moi une petite Ignobilis d’une dizaine de KG qui mordit vers midi sans doute d’énervement mon TB lure passé et repassé dans les remous de la passe du Lion

Chris et Pierre tapèrent chacun un petit mérou sur leurs 50 LBS

Quand on refaisait notre semaine, on se disait qu’étrangement, on avait lancé plus de mille fois, et pêches que tu pêches, mais qu’on n’était pas lassé tellement les spots étaient fabuleux et variés et qu’à chaque ramené, on avait toujours été dans l’espoir de l’attaque suprême.

On se vengea le vendredi soir sur une grosse langouste de Khasab grillée qu’on est allé manger au «  centre ville », à la terrasse de la cantine de Jérôme.

On n’eut à peine le temps de la finir qu’un nouvel orage violent éclatait

Au départ pour DUBAÏ le samedi matin, il pleuvait encore ….

La météo annonçait à partir du dimanche le retour du soleil et des vents apaisés ….

La semaine du chat noir ….

C’est ça la pêche

Beaucoup d’espoir avant ….sinon on n’irait pas

Après, c’est le destin

On est passé à travers et pis c’est tout !

Nos suivants - la semaine d’après n’ont pas fait mieux et pourtant c’étaient des pointures comparées à nous.

Les pêcheurs locaux leur ont expliqué que le poisson s’était éloigné des côtes et que dans les eaux internationales à 30 miles, ils pêchaient Thons et Carangues. Ils ont commencé à voir de l’animation le vendredi (normal, c’est le jour du poisson)

Pour les suivants cela s’est apparemment bien amélioré… là, par contre, cela met un peu les boules quand même….

De toute façon qui de nous n’a pas entendu : cette semaine c’est pas bon, mais si vous étiez venu la semaine passée !!!

Et nous, c’est certain, on y retournera car vu les spots, quand le poisson doit être là ce doit être à coup sûr le paradis.